- Éditions Orep en mai 2016
- Pages : 2016
- ISBN : 9782815103213
- Prix : 9,90 €
Informations Éditeur
Une collection dirigée par Marion Chemin et Jean-Noël Levavasseur « Les enquêtes de Martin Mesnil » est une nouvelle collection de romans noirs qui se déroulent en Normandie.
Ils mettent en scène Martin Mesnil, un intérimaire itinérant que les injustices révoltent. Père divorcé, travailleur précaire par choix, curieux de nature, Martin Mesnil évolue dans différents milieux, au gré de ses missions. Il se retrouve confronté aux maux de notre société (crimes, trafics, corruption, écologie, immigration…). Il peut être aussi tenté de s’intéresser à des faits plus anciens, à des énigmes historiques.
Martin Mesnil pose son sac à Ouistreham. Il vient de décrocher un contrat d intérim au terminal portuaire. Sa mission ? Surveiller l embarquement des poids lourds à bord des ferries en partance pour l Angleterre. Quelques jours plus tôt, un clandestin a été exécuté dans d horribles circonstances. Il était originaire de Salvénie, comme le patron de Martin. Entraîné malgré lui dans une sombre histoire, notre héros y croisera une ancienne star de football, un chef de guerre déchu, des petits bandits de grand chemin, une infirmière altruiste et des migrants attachants… ou attachés.
Notre Avis
Martin Mesnil aime travailler en intérim cela lui permet de gérer son planning et s’occuper de ses enfants lorsque son ex-épouse est partie pour un de ses multiples déplacements à travers l’Europe. Lui qui vit à Grandcamp-Maisy se retrouve en mission dans un autre port celui de Ouistreham. Sa mission surveiller le parking qui mène au ferry pour que les migrants ne puissent pas s’introduire dans les camions qui se rendent en Angleterre. Même si ce n’est que temporaire, ce travail n’est pas facile à exécuter. Car si son plus proche collègue est sympathique, ce n’est pas tout de même pas évident d ‘évoluer dans cette société de gardiennage dont le patron est originaire de Salvénie. Il en va de même pour les deux cerbères qui sont censés faire l’interface entre Martin et les gendarmes si il repère des individus dits suspects. La tenue toute noire qu’il est obligé de porter lui évoque des images dérangeantes. De plus un fait divers a défrayé la chronique quelques jours avant l’arrivée de Martin : on a retrouvé un clandestin crucifié à la clôture d’un champ à l’entrée de la ville.
Notre quadragénaire loge, grâce au coup de sa maman qui veille toujours sur lui, dans un bungalow trouvé par la superbe Gisèle. Cette jeune infirmière au fil des jours a été marquée par le regard des migrants qu’elle a croisé, elle a voulu leur venir en aide. Ramener de l’humanité dans cette société qui les considère parfois comme de simples rebuts, voir pire, une gène qu’il faut exterminer. Martin pourra-t-il rester à son poste et effectuer ce qu’on lui demander sans être torturé au fond de lui par son terrible dilemme. Comment dénoncer ces gens qu’il en a même temps envie d’aider ? Et qui sont vraiment son patron et ses sbires ?
« Une Manche perdue » de Jean-Noël Levavasseur publié aux Editions Orep est le premier opus d’une série avec le héros Martin Mesnil. Lorsque j’avais découvert ce personnage en lisant directement le tome 2 « Tout ce qui meurt me touche » de Marion Chemin, j’avais déjà été séduite par ce « Poulpe à la sauce normande ». Le pari est réussi de proposer un personnage récurrent dont plusieurs auteurs s’emparent en respectant la bible. J’avais aimé cet esprit Poulpe et c’est donc légitime de découvrir que Jean-Bernard Pouy a préfacé cet ouvrage. Et j’irai même jusqu’à dire que ma préférence va plus vers Martin Mesnil que vers Gabriel Lecouvreur. Ce personnage central de la série est justement monsieur tout le monde, c’est ce qui le rend si attachant. On ne sait pas tout de sa vie ; quand on le découvre il a la quarantaine, vit au-dessus d’un bar, adore passer du temps avec ses enfants, ne supporte pas le compagnon friqué de son ex-femme, roule (enfin quand elle veux bien démarrer) dans une vieille guimbarde munie d’un radio-cassette. Et oui, le charme d’enrouler sa cassette avec un crayon.
Une des forces de cette série c’est d’ancrer les récits dans des villes réelles qui peuvent séduire les lecteurs qui comme moi connaissent les lieux mais également intéresser ceux qui les découvriront au fil des pages. En effet, les auteurs ne sont pas tombés dans le travers de transformer leurs romans policiers en guide touristique.
Mais surtout ce sont des romans qui résonnent réellement avec la société d’aujourd’hui. Dans « Une Manche perdue », Jean-Noël Levavasseur a su aborder avec intelligence et subtilité un thème d’actualité qui n’est pas facile à traiter : celui des migrants. Son écriture et son récit donnent la part belle à l’individu. Ce qui est primordial alors qu’on essaie souvent de nous brosser la toile d’une masse compacte, de groupes de personnes en oubliant le destin, le courage dont chacun d’entre eux à du faire face pour fuir un conflit, car sa vie était en péril ou qu’il aspire tout simplement à une vie meilleur pour lui et les siens. Martin Mesnil n’a pas forcément toutes les réponses mais il essaie de comprendre le monde qu’il l’entoure. J’aime vraiment la douceur qui se dégage de lui sans en faire un candide. C’est agréable de pouvoir lire du polar qui garde une forme de lumière et d’espoir malgré tout. L’auteur nous pousse également aux questionnements mais sans forcer le trait. Qu’aurions-nous fait ? Que ferions-nous ? Et comment réagir face à ceux qui exploitent la détresse humaine ?
Une très belle découverte et la fierté pour moi de défendre cette série normande que je vous invite vivement à découvrir